Notre intimité constitue nos fondations
Nous nous sommes construits sur des croyances,
des conditionnements, des valeurs propres à notre milieu familial, social et
culturel. Notre ego y plonge ses racines, il y maintient notre survie.
Notre
ego est ainsi constitué, il nous donne une identité à laquelle nous nous
attachons car elle nous donne des repères. Nos fondations sont importantes pour
notre survie car nous y avons développé des comportements qui nous ont permis
de nous sentir aimé-e, accepté-e et plus ou moins reconnu-e, de trouver notre
place.
Nous
avons inscrit dans nos profondeurs un mode d’emploi que nous pensons juste et
immuable, jusqu’à ce que la vie nous envoie des expériences plus ou moins
agréables qui nous invitent à revoir ce qui a été si intimement gravé. Elle
nous laisse cependant le choix d’ouvrir ou non notre conscience.
Notre
intimité contient en même temps l’essence de qui nous sommes. Au sein de notre
intimité se trouve notre source d’énergie vitale et sexuelle. L’une et l’autre
ne constituent qu’une seule et même énergie. Notre mental peut les séparer pour
continuer à garder le contrôle, mais la Vie, elle, les fait Une.
En
explorant la sexualité sacrée, nous explorons ce qui est vivant en nous. Notre
vitalité va venir petit à petit délivrer ce qui a été figé, retenu, contenu,
endormi, amoindri, blessé… Nous allons sentir à quel point nos mécanismes de
survie nous ont rapetissé et combien, pour ne pas aller déranger une forme
d’équilibre intérieur, nous nous sommes enfermé dans notre tête, laissant peu
de place au corps et aux sensations.
Notre
vitalité a une intelligence bien supérieure à notre mental, elle est source de
sagesse et d’enseignement. Le tantra est un ensemble de techniques qui nous
apprennent comment tisser des liens avec cette sagesse intérieure. Nous la
portons tous en nous mais nous n’avons pas été éduqués pour y faire référence.
Nous en sommes tellement coupés que nous avons peine à croire que cette sagesse
est nécessaire à notre équilibre mental, émotionnel et spirituel.
La
sexualité est ce qui nous met le plus en contact avec notre intimité, pas
seulement avec notre sexe mais avec tout ce qui constitue notre identité. Elle
nous plonge là ou sont inscrits nos conditionnements relationnels. Ces
conditionnements vont influencer notre manière d’être en relation et je
constate, au fur et à mesure de mon expérience que malgré tout ce que nous
mettons en place pour être en relation, notre intimité est le lieu où il y a le
moins d’amour.
La
sexualité vécue sans conscience est un moyen d’obtenir quelque chose de l’autre
et pour cela nous utilisons l’autre en croyant que nous sommes dans l’amour. Du
point de vue de l’ego, c’est de l’amour, c’est certain ! Nous n’avons pas
conscience que nous sommes centrés sur l’extérieur, sur l’autre. Nous cherchons
à combler le manque de nous-mêmes à travers l’autre et nous nous éloignons
toujours plus de qui nous sommes. Cela provoque des frustrations, des attentes,
des projections, de la manipulation qui nous poussent à trouver l’Amour
toujours et encore… en dehors !
Dans ce
cas, la sexualité pourrait bien être un lieu de perdition comme l’a si bien
prôné la religion ! Nous nous perdons nous-mêmes, nous nous éloignons de notre
authenticité. Nous nous trompons de cible, ce qui est le sens même du pêcher.
Malheureusement la religion nous enferme elle-même dans le pêcher puisqu’elle
ne nous donne pas le mode d’emploi pour voir le sacré en toute chose, y compris
la sexualité.
Revoir
notre manière d’être en intimité avec soi et avec l’autre au travers de la
sexualité sacrée permet de se sentir relié au sens noble du terme. Relié,
religion ont la même racine, le sacré est partout et plus encore dans notre
intimité.
De mon
point de vue, lorsque nous sommes relié à ce qui est vivant en nous, nous
contactons quelque chose de précieux qui nous ouvre, nous délivre, nous rend
joyeux, pétillant et ça c’est sacré ! Cela nous pousse alors à en prendre soin
et à le cultiver le plus possible.
Le
sacré s’épanouit dans la simplicité des sensations, en laissant l’amour trouver
son chemin plutôt qu’en le forçant, en accueillant ce qui est, en s’ouvrant le
plus possible à l’expérience quelle qu’elle soit parce qu’elle nous invite à
ouvrir notre conscience et à accepter qui nous sommes, dans notre Vérité.
Le
tantra est un apprentissage puissant qui secoue, dérange (notre ego) et
vivifie. Il est au service de ce qui est grand et puissant en nous. Il est au
service de notre lumière. Comme il passe par le corps, il nous permet de le prendre
en considération, d’en prendre soin, de le considérer comme le temple de notre
Âme. J’invite les participants à entrer dans le temple avec révérence, en
honorant ce qui s’y passe plutôt qu’en jugeant. J’invite également à aborder
chaque « structure » comme une célébration en modifiant son état
d’esprit. Comme l’ego n’aime pas le changement, chaque structure peut être
vécue comme un exercice à faire d’une manière volontaire et tendue, avec
souvent beaucoup de résistance, ou comme l’occasion d’explorer quelque chose
avec curiosité, fluidité et enthousiasme.
Le
tantra enseigne comment être le témoin bienveillant. Nous pouvons alors plus
facilement repérer les systèmes internes qui nous manipulent et sabotent nos
tentatives d’être en amour. Il y a parfois une guerre permanente entre notre
tête et notre coeur et lorsque nous travaillons sur notre énergie vitale, ces
mécanismes nous sont montrés comme sur un écran géant. Nous ne pouvons plus
faire avec, ou comme si, les compromis n’ont plus leur place car lorsque
« ça » sonne faux, cela devient insupportable.
Toute
l’expérience proposée par le tantra se passe dans l’instant présent. Nous
récupérons alors beaucoup de pouvoir et de vitalité car toute l’énergie
employée habituellement pour maintenir une fausse identité est alors au service
du vivant en soi et en Soi !
C’est
un processus qui ne cesse de m’émerveiller de m’enrichir et d’enrichir ma
relation.
Même si, comme tout le monde, il y a des hauts et des bas dans ma relation amoureuse, nous sommes, mon compagnon et moi, toujours dans la gratitude. Gratitude pour nous mêmes d’avoir ouvert notre coeur au conflit car nous avons ouvert nos profondeurs, notre vulnérabilité pour explorer l’ombre et libérer la lumière. Gratitude envers la Vie car elle est véritablement au service de ce qui est juste pour chacun. Cette gratitude ne vient pas seulement du coeur, elle prend sa source dans l’intimité la plus profonde de notre notre Etre, dans notre insécurité de base et rayonne par le chakra du coeur.
C’est
un chemin exigeant qui demande des efforts malgré tout, l’effort de garder sa
conscience en éveil et de regarder les choses telles quelles sont, avec
humilité et bienveillance. Dans beaucoup de cas, le travail proposé est sans
effet car l’ego ne veut pas le changement. Il faut se rendre à l’évidence, il y
a peu d’élus (j’ai entendu ou lu ça quelque part !!!!) parce que nos
constructions mentales qui nous maintiennent dans la survie sont très efficaces
et que, malgré un travail personnel, l’ego change simplement de visage mais
aucune transmutation profond n’a eu lieu.
La persévérance est de mise pour creuser le sillon et puiser au
fond du puits de notre intimité pour y trouver la lumière. La Vie, dans sa
grande bonté, nous offre pour cela un miroir puissant : notre quotidien, notre
conjoint-e, nos enfants… Ils nous révèlent les trésors qui dorment au sein de
notre intimité. Les mettre à jour, c’est révéler le Divin en Soi, notre
véritable carburant et s’ouvrir à une « Nouvelle Terre », celle de
notre intimité sacrée.
par Catherine Delorme
Site web : www.espacetantrayoga.com
Chez Francesca : A l’ère de la
Multidimensionnalité
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