Plus que
n'importe qui d'autre, les parents ont besoin de trouver le point d'équilibre
entre leur rôle auprès de leurs enfants et leurs autres missions.
Hier quelqu'un m'a parlé d'une mère qui a un fils de quarante ans lequel est
littéralement en train de la tuer à petit feu. Cela m'a profondément secouée et
remis en mémoire des choses de mon passé et d'autres dont j'ai été plus ou
moins témoin. J'ignore (ou plutôt, je ne
me souviens pas) si j'en ai rêvé pendant la nuit, mais le fait est que, ce
matin, certaines idées, certains concepts se trouvaient face à moi, clairs
comme de l'eau de roche.
Je revoyais une personne qui m'est proche qui, après une dizaine d'années d'un
mariage mal assorti et de violences verbales (elle a toujours nié que son mari l'ait battue) est arrivée à la
certitude que, si elle restait avec cet homme, elle finirait ses jours dans un
asile psychiatrique. Vous savez tous sans doute qu'il y a des paroles qui
peuvent tuer ou rendre fou quelqu'un de sensible.
Jusque-là, elle n'avait jamais accepté l'idée d'un divorce. Ils avaient un
enfant de sept ans et, comme toutes les mères non éclairées, Aurore croyait
devoir se sacrifier pour le petit. Elle n'était pourtant pas assez résistante
pour continuer à subir la vie qu'elle menait avec Georges sans de graves
dommages. Celui-ci la dominait à tel point qu'elle ne croyait plus en
elle-même. Alors, contre l'avis de sa famille catholique traditionaliste qui
condamnait le divorce, elle se décida un jour à quitter son mari.
Son bon sens avait fini par lui suggérer que son sacrifice était inutile et
que, quand ce qui lui restait de courage et d'endurance l'aurait quitté, elle
ne serait plus utile pour son enfant, pas plus que pour son mari ou pour
elle-même. Alors elle s'en alla en claquant la porte.
Elle ne comptait sur l'appui de personne et n'avait pas la moindre idée de ce
qu'elle allait faire. Comme un vieux disque cassé qui répète toujours la même
phrase, tout ce que son âme pouvait lui dire était :
"Mets de la distance entre Georges et toi. Il y va de ta santé, de ton
équilibre et peut-être de ta vie."
Sa mère l'hébergea quand même pour quelque temps, jusqu'à ce qu'elle trouve un
travail, ce qu'elle fit assez vite.
Dès qu'elle eut assez d'argent, elle loua un petit appartement qu'elle meubla
de façon spartiate, en lui ajoutant petit à petit un peu plus de confort. Chez
sa mère tout le monde s'était montré aimable, ce qui ne l'empêchait pas de
ressentir un embarras, une impression de non appartenance. Sa place n'était
plus là.
Le divorce fut prononcé contre elle, non seulement parce qu'elle était partie
en laissant son mari seul avec l'enfant, mais aussi parce qu'elle devait
travailler à l'extérieur cinq jours sur sept et son foyer n'avait pas le
confort nécessaire à l'enfant.
Lorsqu'elle me raconta tout cela, quelques années plus tard car entre-temps
j'avais vécu dans une autre ville, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que la
Justice est parfois bien curieuse dans sa façon d'évaluer les situations.
Douze ans plus tard, cette même femme a dû faire face au problème d'alcoolisme
de son fils. Son père étant décédé, l'adolescent était venu habiter chez
Aurore, dans la ville à l'étranger où elle s'était fixée.
Elle s'est trouvée une fois de plus face à une situation qu'elle ignorait
comment gérer et pour laquelle en ce temps-là il y avait très peu d'aide des
entités qui auraient dû se sentir concernées. Elle essaya tout, depuis les
appels au bon sens du garçon, à son instinct de conservation, jusqu'à la menace
de lui couper les vivres.
Parfois il promettait de changer et tenait bon pendant quelques jours, jusqu'à
ce que les 'copains' viennent le relancer. Il n'allait plus en classe et se
faisait vite renvoyer des petits postes de travail que sa mère lui trouvait. Il
demandait tout le temps de l'argent à la pauvre Aurore. Elle n'en gagnait pas
beaucoup mais finissait toujours par céder, de peur qu'il se mette à voler
comme un de ses camarades qui avait fini en prison.
Lorsqu'elle s'aperçut que son compte en banque lui permettait tout juste de
payer ses factures et qu'elle n'en avait même plus assez pour les nourrir tous
les deux, elle comprit qu'elle devait résoudre le problème avant que la situation
ne dégénère davantage.
Pour la deuxième fois de sa vie elle se trouvait confrontée à un terrible
dilemme : Quitter son fils ou sombrer avec lui.
Elle choisit un moment où il était plus ou moins sobre et lui lança un
ultimatum :
"Notre situation est devenue intenable. Ne pouvant pas compter sur tes
promesses, j'ai décidé de retourner au pays. J'espère que tu
m'accompagneras, sans quoi tu devras te débrouiller tout seul. Si tu es
décidé à gâcher complètement ta vie, je n'y peux rien et j'ai mieux à faire de
la mienne que la sacrifier inutilement."
Il avait alors 19 ans et était donc majeur selon la loi.
Ils se séparèrent et elle partit, la mort dans l'âme. Elle mena une vie
tranquille en dépit de son coeur brisé.
Quant à son fils, il gaspilla sa jeunesse et seulement lorsqu'il fut devenu
sobre avec l'âge et quelques expériences cuisantes il reprit une vie normale,
gardant pourtant des séquelles dont il n'est pas sûr qu'il guérira un jour.
C'est étrange comme dans certaines familles les drames se reproduisent, sa
propagent aux différents membres comme une épidémie. De nos jours on
appelle cela psychogénéalogie. Je crois qu'l s'agit de karma collectif qui
attirait quelques êtres à se réunir dans des vies successives pour connaître
les mêmes tragédies, et ceci jusqu'à ce qu'ils en comprennent la leçon.
Je demandai à mon Maître pourquoi une brave femme comme Aurore avait dû faire
des choix aussi difficiles deux fois dans sa vie. Je vous transmets sa réponse,
dans l'espoir qu'elle aidera d'autres personnes se trouvant dans des situations
similaires.
"Ton amie avait besoin de comprendre que l'amour de soi est primordial et
que l'on ne doit pas sacrifier sa vie et son énergie aux caprices et désirs de
domination d'autrui.
D'autre part, le rôle de parent est essentiel à la survie et à l'évolution du
petit enfant, mais devient de moins en moins important avec la croissance du
jeune, car son principal apprentissage est celui de l'autonomie.
Il y a des parents qui démissionnent trop tôt, pensant à tort qu'il incombe aux
professeurs de poursuivre leur tâche. On voit trop souvent le résultat
désastreux de ce comportement chez des jeunes dont les valeurs morales sont
sens dessus dessous.
D'autres, au contraire, prennent leur rôle de parents tellement à coeur qu'ils
se sentent obligés de régenter l'existence d'hommes et de femmes de vingt ou
parfois quarante ans.
Ce qu'il faudrait sans doute que les uns et les autres comprennent c'est que
chacun vient sur la Terre avec un plan de vie et que celui-ci les invite à
jouer simultanément plusieurs rôles de façon équilibrée.
On ne vient pas au monde que pour être mari ou épouse, ou exclusivement mère ou
père ou l'enfant de quelqu'un. On à toujours d'autres aspects de la vie
terrestre à perfectionner. Le plus important de tous est d'apprendre à être
soi-même, à réussir son passage sur cette planète POUR SOI-MEME EN
PREMIER. Ceci est aussi valable pour les parents que pour les enfants.
Ils sont cependant de plus en plus nombreux les jeunes qui refusent de sacrifier
leur mission de vie à la tyrannie consciente ou inconsciente de leurs
géniteurs. Ils ont raison, et quoiqu'ils vivent ensuite de succès ou d'échecs,
ils suivent leur chemin personnel et vivent LEUR VIE. Ceci ne les empêche pas
d'apporter à des parents devenus malades ou âgés toute l'assistance que leur
vie leur permet, sans toutefois renoncer à celle-ci."
Il dit encore :
"La personne dont tu parles avait, dans des vies passées, manqué de cet
amour de soi et s'était faite dominer. Elle avait adopté de façon presque
permanente le rôle de victime. Il lui fallait donc apprendre à réclamer
son autonomie, ses droits d'Etre Divin. Elle l'a fait à deux reprises.
Aussi dur que cela ait été, elle a ainsi débloqué un passage qui empêchait son
avancée. C'est comme si elle avait enfin ouvret une porte qu'elle n'avait
jamais osé franchir. Es-tu satisfaite de cette explication?"
"Ô, oui, Maître. Je vous rends grâce, pour moi et pour tous ceux qui
bénéficieront de ces Vérités."
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